Cette série d’article est issue d’un dossier professionnel CAPPEI rédigé par Jonathan ANDRÉ, T2 en 2017, et première année en SEGPA. Il faut ainsi lire cette série dans son contexte, celui d’un jeune enseignant qui est parachuté en SEGPA et qui a fait le choix d’y rester par le passage du CAPPEI en candidat libre dès sa première année.
Au fur et à mesure de la transformation de la salle de classe j’ai pu faire écho à trois aspects de ma vie : mon parcours d’écolier, mon parcours professionnel et la façon dont j’ai envie de transmettre à mes élèves aujourd’hui et plus particulièrement dans un contexte d’adaptation scolaire :
- Interrogation: Toute ma scolarité au collège et au lycée m’a amené à me poser plusieurs questions :
Pourquoi en dehors du contenu enseigné on retrouvait les mêmes organisations des espaces scolaires souvent différentes par rapport à la vie en dehors de la classe ?
Pourquoi le sport, les langues et parfois la technologie m’apportaient un plus grand sentiment d’adhésion au cours enseigné ?
Pourquoi il me semblait que je préférais faire mes devoirs chez moi plutôt qu’en études ou en classe ?
- Observations et expérimentations: Ayant travaillé dans l’animation socio-culturelle, et plus particulièrement les dernières années avant de devenir enseignant, dans une structure d’accueil d’information jeunesse, j’ai pu observer à de nombreuses reprises que le public accueilli était sensible à l’organisation des espaces et se dirigeait souvent vers les espaces les plus confortables et/ou originaux pour des moments culturelles (lecture, information …) ou des moments de loisirs. A de nombreuses reprises avec mon binôme[1], nous avons fait des tests et avons conclu que l’aménagement était une clef de l’accueil du public pour le faire revenir mais aussi pour favoriser son bien-être.
- Mise en application: Arrivée en tant qu’enseignant stagiaire dans une école maternelle à Alès, j’ai vu l’occasion de mettre en pratique un aménagement de l’espace adapté et adaptable afin de favoriser les apprentissages de mes élèves tout en favorisant leur autonomie à travers des ateliers allant de 1 à 5 places, des ateliers dirigés, semi-dirigés et libres. Limité par l’espace je n’ai pu monter au-dessus d’une dizaine d’ateliers.
Cette année de pratique m’a permis de faire murir ma réflexion et de découvrir à travers mes recherches de nombreuses autres classes à l’étranger (globalement au Canada) utilisant le principe de classe flexible.
Mon arrivé au collège dans le cadre de l’ASH m’a d’autant plus convaincu qu’adapter les cours n’était pas la seule chose à faire mais que c’était un tout pour le bien-être de l’élève.
Ces questionnements ont au fur et à mesure du temps nourri ce que je souhaite mettre en place aujourd’hui dans une classe et de quelles façons, dans l’objectif de favoriser le bien-être de mes élèves tout en favorisant leur apprentissage. Toutefois mes recherches et ma réflexion m’ont amené aussi une certitude, ce qui marche une année dans le cadre de l’aménagement flexible ne fonctionnera peut-être pas avec d’autres groupes d’élèves. Cette piste m’impose donc de toujours rester attentif aux besoins de mes élèves, de penser à me renouveler souvent et surtout d’échanger avec eux sur leurs conditions de travail en classe et sur ce qu’ils aimeraient voir ou disposer.
De plus cet aménagement de classe flexible est de plus en plus en lien avec le projet d’établissement du collège et le projet en développement d’une classe coopérative. Plusieurs enseignants ont ainsi mis en place l’utilisation des ballons dans leur salle de classe (deux professeurs de SEGPA et un professeur d’Histoire-Géographie) et nous échangeons souvent des effets sur nos élèves.
Le mot « adaptation » dans « Adaptation scolaire et scolarisation des élèves handicapé » n’aura jamais autant trouvé d’écho dans ma pratique que cette année où adaptant mes cours je me suis vu aussi adapter l’espace physique puis l’espace numérique afin de répondre à un double objectif : un plaisir d’enseigner dans le cadre de l’ASH (objectif enseignant) et le bien-être des élèves afin de favoriser leurs apprentissages (objectif élève).
[1] Laurent PARAT, Documentaliste au Centre Régional d’Information Jeunesse Occitanie – antenne de Montpellier