Cette série d’article est issue Mémoire de master Parcours : EPABEP Éducation et pédagogie adaptées aux besoins éducatifs particulier rédigé par Jonathan ANDRÉ, T4 en 2020, et troisième année en SEGPA. Il faut ainsi lire cette série dans son contexte, celui d’un jeune enseignant qui est parachuté en SEGPA et qui a fait le choix d’y rester par le passage du CAPPEI en candidat libre dès sa première année.
Qu’est-ce qu’un bon élève ? La réussite scolaire au regard des chiffres est injuste, elle est inégalement répartie parmi les élèves, y compris chez ceux qui travaillent. Pour autant de nombreux exemples prouvent que tout n’est pas joué d’avance. Entre plusieurs élèves du même âge, les différences sont nombreuses : cognitives, psychologique, sociales, économique, linguistique, culturel, … Quels sont donc les ingrédients d’une « bonne » intelligence pour favoriser les apprentissages ?
« Les maitres d’écoles sont des jardiniers en intelligence humaines »
Victor HUGO, Faits et croyances, 1840
Pendant très longtemps et surement encore aujourd’hui, l’intelligence fut le grand facteur de la réussite et de l’échec à l’école, encore aujourd’hui les élèves pré-orientés en SEGPA doivent passer un bilan psychologique et psychométrique réalisé par un psychologue scolaire afin de valider ou non leur inscription en SEGPA.
Dès la fin du 19ème siècle, en France, le ministre de l’instruction publique met en place une commission pour comprendre pourquoi certains élèves ne réussissent pas les enseignements auxquels ils profitent. C’est sur cette base que le psychologue Alfred BINET[1] développe en 1905 le premier test d’intelligence, l’objectif initiale de ce test était de détecter les élèves en grandes difficultés scolaires pour les intégrer à des classes spécialisées. Suite à cette première création, les recherches sur les tests d’intelligence se sont multipliées et seront sujet à de nombreux débats jusqu’à aujourd’hui.
Parmi les plus connus, on peut mettre en avant celle du psychologue Charles Spearman, contemporain de Binet qui met en avant l’intelligence comme un facteur général, le « facteur g » qui intègre les compétences cognitives, lorsque qu’un enfant est bon dans ce domaine, il peut être globalement bon partout. Cette théorie est appuyée aujourd’hui par les imageries médicales et plus spécifiquement le neuroimagerie[2]. Pour exemple, face à des tâches complexes, tout un réseau neuronal s’active. Les différentes zones cérébrales se connectent : aire frontale, pariétale et temporale… Il en conclut que les personnes dont le cerveau présente une connectivité riche seraient plus intelligents : ils mémorisent mieux, relient plus facilement les informations et raisonnent plus vite.
Howard GARDNER, fondateur de la théorie des intelligences multiples met plutôt en avant l’existence de neuf formes d’intelligence. En 1983, il publie le livre « Frames of Mind : the Theory of Multiple Intelligence », où il critique vivement l’emploi des tests d’intelligence dans le cadre de l’orientation scolaire des enfants. D’après GARDNER, les tests d’intelligence ne mesureraient pas plusieurs types d’intelligences mais seulement une projection de l’intelligence. Il décrit dans un premier temps sept types d’intelligence. En 1993, il complète sa théorie et parle d’un huitième type d’intelligence (naturaliste) puis d’une neuvième (existentielle[3]).
Cette théorie a su trouver facilement sa place dans le monde éducatif, moins élitiste que la théorie du facteur g, elle est plus commode à mettre en place mais demande de conceptualiser ses préparations de cours sur plusieurs aspects à la fois.
[1] En 1905, à la demande du gouvernement français, Alfred Binet publie une échelle métrique de l’intelligence qu’il a élaboré conjointement avec Théodore Simon. Cette échelle a pour but de mesurer le développement de l’intelligence des enfants en fonction de l’âge (âge mental). Il opte d’emblée pour une stratégie ouverte, c’est-à-dire qu’il n’écarte a priori aucun indicateur. Dans les années suivantes, il proposera des améliorations. Ce travail sera le point de départ de nombreux autres tests, en particulier le quotient intellectuel (QI).
[2] Le développement des techniques d’imagerie médicale couplé aux méthodes de la psychologie cognitive et expérimentale (par exemple, la psycholinguistique) a permis d’observer in vivo l’activité électrique et les flux sanguins dans le cerveau, dont les variations permettent de déterminer les zones cérébrales sollicitées par différents processus cognitifs.
[3] Howard Gardner qualifie l’intelligence existentielle de « huitième et demi » dans son modèle. Elle n’est pas une intelligence à part entière.