Cette série d’article est issue d’un dossier professionnel CAPPEI rédigé par Jonathan ANDRÉ, T2 en 2017, et première année en SEGPA. Il faut ainsi lire cette série dans son contexte, celui d’un jeune enseignant qui est parachuté en SEGPA et qui a fait le choix d’y rester par le passage du CAPPEI en candidat libre dès sa première année.
Les enjeux liés à l’aménagement des espaces scolaires sont donc multiples :
- Les espaces doivent accueillir les transformations pédagogiques et numériques (usages des équipements mobiles par exemple) en favorisant leur diversité ;
- Ils doivent faciliter les interactions (élèves/adultes, élèves/élèves, École/monde extérieur) ;
- Ils doivent participer au climat scolaire.
Selon le projet « Bouge ta cl@sse » initié par l’académie de Versailles, il est proposé d’organiser sa classe en cinq espaces distincts orientés autour de différentes activités cognitives.
Mon analyse : Mettre en place des espaces de communication, d’exposition et de transmission favorise les échanges entre toutes les personnes présentes dans la classe et hors de la classe.
Ma mise en place : Toute mise en place dans notre classe est discutée et pensée par les élèves et l’enseignant. Une mise en place doit avoir une fonction dans un cadre d’apprentissage et/ou de gestion de classe. Celle qui est en place actuellement favorise nos échanges.
Mon analyse : Le fait de disposer d’un espace spécifique et dédié pour travailler permet à l’élève de gagner en autonomie tout en lui permettant de conscientiser ses tâches de travail. Le fait de le rendre numérique aussi permet de continuer à travailler hors classe.
Ma mise en place : Les élèves de ma classe ont pu prendre pour habitude de se déplacer dans le cadre de travail individuel ou de groupe, cette liberté leur a permis d’adapter leur environnement de travail en fonction de leur besoin et/ou envie du moment. De mon côté, je dois encore fournir plus d’accès au numérique et numériser une grande partie de leur plan de travail afin de les pousser vers toujours plus d’autonomie.
Mon analyse : Il est essentiel à mon sens de laisser l’élève pouvoir réutiliser les supports des précédentes séquences mais aussi de disposer de « jeux sérieux »[1] pour renforcer et entrainer ses compétences acquises ou à acquérir.
Ma mise en place : En plus de disposer d’espaces de travail allant de 1 personne à 8, des assises différentes sont apparues dans la classe (en fonction des besoins, des demandes des élèves et de ce qu’ai j’ai pu recycler ou récupérer): tabourets, chaises hautes, tabourets, travail debout en utilisation semi-libre (organisé par un élève en responsabilité « métier de la classe » quand le besoin se fait sentir). À terme 4 à 6 postes informatiques seront présents et mis en réseau sur un même espace partagé propre à la classe. Les élèves accèdent aussi aux derniers supports et aux jeux de société de la classe[2].
Mon analyse : Tout comme l’élève dispose parfois d’un bureau chez lui pour travailler, il est nécessaire de lui laisser la possibilité de disposer d’espace lui appartenant le temps de la classe pour des notions en cours d’apprentissage et les plans de travail.
Ma mise en place : De nombreux espaces sont adaptés au travail seul ou en binôme si nécessaire, les plans de travail sont matérialisés et dispose d’un outil de suivi. Toutefois il manque une version numérique pour proposer aux élèves un autre support que la version papier.
Mon analyse : Trop formel, j’ai appris à observer mes élèves à plusieurs endroits de la classe avec plus ou moins de présence physique sans pour autant formaliser un endroit spécifique
Ma mise en place : Plusieurs postes de travail dirigés ou d’observations directes sont apparus dans ma classe, un sur chaque ilot de travail (6 à 8 places) et une table double en fond de classe pour travailler en binômes avec l’élève. Ce qui me permet selon les moments et mes besoins, d’être à portée de mes élèves pour les accompagner au mieux. De plus lors de mes temps de travail hors classe, je trouve un certain plaisir à disposer de plusieurs espaces de travail.
Mon analyse globale : Dans une classe idéale, on pourrait retrouver chaque espace matérialisé et reconnu comme tel par les élèves, toutefois dans un contexte de réalité il est nécessaire de mutualiser les espaces tout en y apportant de la flexibilité. Toutefois en s’appuyant sur l’autonomie et la responsabilisation des élèves, on peut développer des espaces ayant des fonctions multiples selon le moment d’apprentissage.
Il serait donc important de prévoir des espaces de création dans les écoles afin de permettre aux élèves d’apprendre à collaborer, à découvrir, à expérimenter, à créer et à produire. La recherche et les expérimentations rappellent que ces espaces devraient aussi servir de lieu d’échanges, de formation et de collaboration. Le concept de salle de classe «studio d’apprentissage» se définit, par exemple, en un espace où les élèves collaborent ensemble, communiquent virtuellement avec des gens à l’extérieur de l’école (La Twictée), s’informent à partir de différents médias sociaux (#MonFilInfo, France Info Junior, Twitter …), et d’une grande variété riche d’outils technologiques. En somme, la salle de classe au 21e siècle devrait servir de lieu d’échanges et de formation et physiquement se rapprocher du concept de «studios d’apprentissage», afin de susciter l’interactivité et l’innovation tout en étant facteur de motivation pour chaque élève.
D’autres propositions d’Eduscol notamment sont en corrélation avec ces réflexions ou des espaces bien précis existent dans le cadre d’une utilisation raisonnée :
- Espace numérique
- Espace écriture
- Espace de travail collectif ou dirigé
- Espace lecture et écoute
- Espace de l’enseignant
- Espace polyvalent
- Espace de regroupement et d’institutionnalisation
- Le couloir
Comment aménager sa classe de CP dédoublé ? Quelles incidences sur sa pratique de classe ?[3]
On retiendra de cette publication d’Eduscol que l’agencement traditionnel de la salle de classe correspond à un modèle d’enseignement qui doit être interrogé. Un aménagement modulaire et flexible, dont chaque espace a une fonction propre, et qui influence favorablement la réussite des élèves quels que soit le cycle et les matières enseignés.
[1] Un jeu sérieux (de l’anglais serious game : serious, « sérieux » et game, « jeu ») est une activité qui combine une intention « sérieuse » — de type pédagogique, informative, communicationnelle, ou d’entraînement — avec des ressorts ludiques. De manière synthétique, un jeu sérieux englobe tous les jeux de société, jeux de rôle et jeux vidéo qui s’écartent du seul divertissement.
[2] Liste des jeux et règles accessible dans un classeur en fond de classe.
[3] Comment aménager sa classe de CP dédoublé ? Quelles incidences sur sa pratique de classe ? http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Reussite/39/0/RA16_C2_FRA_Amenager_espace_v2_843390.pdf