Cette série d’article est issue Mémoire de master Parcours : EPABEP Éducation et pédagogie adaptées aux besoins éducatifs particulier rédigé par Jonathan ANDRÉ, T4 en 2020, et troisième année en SEGPA. Il faut ainsi lire cette série dans son contexte, celui d’un jeune enseignant qui est parachuté en SEGPA et qui a fait le choix d’y rester par le passage du CAPPEI en candidat libre dès sa première année.
Rappel du contexte
La classe fonctionne en « classe flexible » depuis près de 2 ans pour l’enseignant et les élèves y passent entre 8 à 10h par semaine (3,5 à 4,5 heures de mathématiques, 2 heures d’arts et 2 heures d’anglais).
L’idée derrière la classe flexible ou « Flexing Seating » est d’amener les élèves à développer un sentiment de bien-être dans leur classe tout en favorisant l’utilisation de leur mémoire kinesthésique en plus de leurs mémoires auditive et visuelle. Ce concept a pu être initié puis approfondie lors de l’année 2018 – 2019 lors du passage du CAPPEI de M. ANDRÉ et de la présentation du dossier professionnel associé[1]. La dynamique associée à cette démarche a permis aussi à l’enseignant d’organiser ses cours autour des besoins et demandes des élèves en complément de la progression prévue des apprentissages mais en faisant preuve de flexibilité.
Pour des élèves en adaptation scolaire, le fait de leur proposer divers ajustements concernant l’aménagement du cours, de l’espace et leur installation permet de renforcer leur capacité de concentration tout en valorisant leur posture d’élève.
Dans le cadre des expérimentations en classe, on a pu y voir de nombreux effets sur des élèves atteints de TOC (Répétition constante de mouvements avec les mains ou les pieds, Déplacer et replacer des objets…) ou sur des élèves qui étaient caractérisés comme « agités », qui ne pouvaient ou ne voulaient rester assis sur une chaise toute une heure et encore moins une journée.
Coté recherche, Maria MONTESSORI observait en 1912 que les enfants assis pendant de nombreuses heures devenaient « agités, indisciplinés et perdaient leur concentration et devenaient amorphes ». Nous pouvons y observer les mêmes effets sur des groupes d’adultes en formation.
La Clinique Mayo[2] considéré comme la meilleure clinique des États-Unis, a mené une étude auprès de 300 élèves pendant toute une année scolaire, et a trouvé que le fait de travailler debout à des tables, de bouger pendant la classe et d’utiliser une variété de postures augmentait de 12 % la capacité d’attention des jeunes.
Les recherches de Ranjana MEHTA, du Texas A&M Ergonomics Center, indiquent aussi que bouger améliore les capacités d’apprentissage. Non seulement les élèves brûlent plus de calories, mais ils sont aussi plus attentifs.
D’après K. Wuatt, les ballons de fitness sont particulièrement intéressants pour les garçons. De nombreuses études continuent à être publiés et elles indiquent que ces types d’aménagements pour les élèves et enseignants sont une valeur ajoutée à l’apprentissage. Dans ma classe et à l’échelle de mes 96 élèves en SEGPA, ce sont majoritairement les garçons qui utilisent ces ballons même quand ceux sont les filles qui ont la priorité ou la gestion.
Le cerveau apprend et retient davantage lorsqu’il est stimulé par des mouvements ou activités physiques d’après ces retours.
Selon plusieurs études, les enseignants et enseignantes doivent encourager les élèves à adopter différentes positions durant la journée comme marcher, se coucher par terre, bouger, s’assoir contre un mur, être debout, etc… Le cerveau apprend et retient davantage lorsqu’il est stimulé par des mouvements ou activités physiques. Le besoin de bouger pour rester réceptif en classe est important pour tous les élèves et encore plus pour les enfants vivant avec un TDAH.[2]
Outre l’organisation de l’aménagement, il est aussi important de faire attention à la posture de l’élève en situation d’apprentissage. Traditionnellement, il est assis sur une chaise derrière une table et peut rarement se déplacer. Or, le corps a un rôle à jouer dans la concentration. Le changement de posture (assis, debout, allongé) peut aider à la concentration ou le fait de se focaliser sur une nouvelle tâche. Debout à une table haute ou devant un tableau blanc avec d’autres camarades pour résoudre un problème ensemble ou encore présenter un travail assis sur une banquette ou sur une chaise : les possibilités sont nombreuses en fonction des besoins des élèves et de l’aménagement possible de la classe.
En outre, certains enseignants témoignent que la pratique de la danse ou du théâtre avec leurs élèves, ont des bénéfices dans le processus de mémorisation et dans la gestion du stress.
Au vu des retours d’enseignants et des lectures d’articles et des recherches actuelles, voici une synthèse des effets suite à la mise en place d’une classe flexible :
- Les résultats scolaires des élèves ont augmenté
- Les élèves semblent plus heureux et plus engagés à l’école
- Les élèves participent plus en classe et poussent leurs réflexions davantage
- Le positionnement favorise les discussions et les échanges constructifs
La classe flexible est partie prenante des avis de ses participants, ainsi enseignant et élèves la font évoluer en fonction des besoins ou des attentes de chacun tout au long de l’année. Le plan de classe présent en annexe 1 représente une des dernières organisations spatiales de la classe, les ovales rouges représentent les potentialités d’assises de la classe pour 16 élèves :
- 24 chaises
- 8 tabourets
- 2 chaises hautes
- 4 ballons
- 4 briques de yoga
- 7 postes informatiques, 8 à terme (la moitié des élèves)
[1] Dans le cadre du CAPPEI, l’épreuve 2 s’organise autour d’un entretien à partir d’un dossier portant sur la pratique professionnelle du candidat. Le sujet de M. ANDRE était « Repenser l’espace scolaire afin de favoriser les apprentissages ».
[2] Mieux Comprendre la diversité neurologique, physique, intellectuelle et sensorielle est organisé par la Fondation Aide à la jeunesse et mis en œuvre par Regard et Essor Expo Média