Cette série d’article est issue d’un dossier professionnel CAPPEI rédigé par Jonathan ANDRÉ, T2 en 2017, et première année en SEGPA. Il faut ainsi lire cette série dans son contexte, celui d’un jeune enseignant qui est parachuté en SEGPA et qui a fait le choix d’y rester par le passage du CAPPEI en candidat libre dès sa première année.
Selon le référentiel de compétences communes à tous les professeurs et personnels d’éducation[1] « Intégrer les éléments de la culture numérique nécessaires à l’exercice de son métier » est l’une des 14 compétences nécessaires à la réussite de tous les élèves. Le professeur des écoles doit donc intégrer les éléments de la culture numérique nécessaires à l’exercice de son métier (Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 2015).
Dans le socle commun de compétences, de connaissances et de culture, l’usage des outils numériques contribue au renforcement des apprentissages fondamentaux et à la lutte contre le décrochage, facilite la différenciation des démarches et l’individualisation des parcours pour répondre aux besoins de chaque élève (Éduscol, 2016).
Le numérique transforme notre société et a fortiori notre système éducatif de façon indéniable. À l’école, cette transformation revêt une double forme. Dans les pratiques pédagogiques, c’est un outil qui transforme le couple enseigner-apprendre, alors que pour le développement de l’enfant, c’est un ensemble de nouveaux savoir-faire et de nouveaux savoir-être. En effet, le numérique matérialise une interface entre l’enseignant et l’élève. Il s’agit de faire en sorte qu’elle ne soit pas convertie en barrière mais au service de la relation et de la personnalisation de l’enseignement. De plus, l’élève doit apprendre à utiliser le numérique de manière responsable et dans le but d’enrichir ses compétences.
Deux auteurs, A. Collins et R. Halverson, postulent que l’école doit s’adapter aux bouleversements numériques sous peine de perdre sa pertinence et, plus encore, sa légitimité au fur et à mesure du temps. L’école, a entre autres, pour mission d’éduquer les élèves en développant leurs capacités à s’adapter au monde qui les entoure ou les entourera une fois adultes et surtout en tant que citoyen. Pour accomplir sa mission, elle doit ainsi logiquement intégrer le numérique dans son action. Le numérique devient un formidable outil pour augmenter le temps d’apprentissage réellement disponible pour les enseignants grâce à une acquisition plus systématique et efficace des savoirs fondamentaux (Institut Montaigne, 2015). Concrètement, une partie des élèves peut travailler une compétence via du matériel numérique en autonomie pendant que l’enseignant accompagne le reste de la classe dans une activité plus dirigée. Toutefois « un aménagement spécifique de la classe devient nécessaire » pour y répondre au mieux.
Serge Tisseron, psychiatre, directeur de recherche à Paris 7, dans une conférence intitulée « La pédagogie de projet et le numérique, où en est la France ? » parle de « métissage de deux cultures ». Pour lui il est primordial de mélanger la culture du livre et celle des écrans. En effet les écrans nous apportent une dimension d’interactivité, une dynamique collaborative, une certaine sociabilité que nous ne trouvions pas auparavant avec le livre. Il est important d’encourager le travail collaboratif dans notre société actuelle (la classe inversée, le tutorat). Quand les élèves collaborent en partageant des compétences qui leurs sont propres, chacun peut s’enrichir de cette expérience et découvrir la variété des compétences existantes. Avec la multiplicité des outils numériques, on peut travailler le passage d’une forme d’intelligence à une autre en utilisant des supports possibles variés. Il s’agit d’opter pour une vision complémentaire des outils, et non concurrentielle.
[1] http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=73066